Tomino la maudite / Casterman

Suehiro Maruo est né en 1956. Autodidacte, à 17 ans il propose son premier manuscrit au magazine Shônen Jump. Refusé, pas dans l’esprit de la revue. En 1980, un de ses récits est publié dans un magazine pour adultes. Son style est déjà présent dans l’histoire d’une fillette maltraitée par sa mère. Son premier livre « Le Monstre au teint de rose », recueil d’histoires courtes est publié en 1982. Le public français le découvre en 1991 dans un hors série de la revue (A Suivre). Suehiro Maruo est considéré au Japon comme le maître du genre ero-guro (érotico-grotesque), admiré pour la finesse de son trait, la beauté de son dessin, qui paradoxalement véhiculent une cruauté inquiétante. Cet univers à la croisée de l’horrifique et du fantastique, atteint le sublime dans « Tomino la maudite » publié au Japon en 2014.  « Un soir d’hiver, les jumeaux Shoyu et Miso, à peine âgés d’un an, sont abandonnés par leur mère. Maltraités par les adultes, martyrisés par les enfants, c’est lorsqu’ils sont vendus à un cirque que les orphelins trouvent pour la première fois, un foyer chaleureux dans l’effervescence du Tokyo des années 1930. Si les phénomènes de foire deviennent leur famille, les enfants apprennent à leurs dépens que le monde du spectacle, lui, est gangréné par les appétits les plus vils ». Moebius écrit à son propos : « Maruo se conduit comme un artiste, comme un Rimbaud. Il est dressé avec une telle violence et une telle fierté sur les ruines de son âme. » Suehiro Maruo passe beaucoup de temps sur une planche, environ deux jours. Ce qui paraît pourtant peu pour un style aussi fouillé. Absolument conseillé et à suivre. Relié avec tranchefile. Format : 15 x 21 cm. 336 en noir et blanc p. 22€. Paule Martigny