Chéri Samba dans la collection Jean Pigozzi / Éditions d'art In Fine – Tempora – Musée Maillol
Il s'agit de la première rétrospective de l'œuvre de Chéri Samba, le peintre africain le plus célèbre de sa génération, couvrant quarante ans de création. Une cinquantaine d'œuvres du phénomène Chéri Samba, « un esprit libre à l'époque de la liberté interdite », est présentée au musée Maillol pour une exposition organisée par Tempora. Accueil opéré par Olivier Lorquin, fils de Dina Vierny, qui fut le modèle et l'active héritière d'Aristide Maillol. Directeur du musée Maillol, Alain Vollerin et moi-même avions immédiatement apprécié son ouverture d'esprit et sa passion pour l'art.
Chéri Samba est né en 1956 dans le Bas-Congo, aîné d'une famille de dix enfants dont le père est forgeron et la mère agricultrice. Il se passionne très tôt pour le dessin et devient peintre d'enseignes qu'il réalise sous la forme de bandes dessinées. Son travail est remarqué. En 1975, il ouvre son premier atelier à Kinshasa. Son succès est immédiat. C'est en 1979 qu'il prend le nom de Chéri Samba. Il se rend pour la première fois à Paris en 1982 à l'invitation de Jean-François Bizot, fondateur du magazine Actuel. En 1987 il rencontre André Magnin, commissaire adjoint de la future exposition Magiciens de la terre en 1989, désormais culte. Cette année-là marque le début de la renommée internationale de Chéri Samba et la création de la collection d'art africain contemporain de Jean Pigozzi avec la collaboration d'André Magnin.
En 2001, le peintre autodidacte Chéri Samba est élu président de l'Association des peintres populaires de Kinshasa. Il participe à de nombreuses expositions internationales individuelles ou collectives, à l'exemple en 2017, de Les Initiés – Un choix d'œuvres dans la collection d'art africain de Jean Pigozzi à la Fondation Vuitton, à Paris. Jean Pigozzi possède la plus importante collection privée au monde d'art contemporain africain. Depuis une douzaine d'années, il a également créé une nouvelle collection dédiée à la jeune scène contemporaine japonaise, largement ouverte aux artistes femmes, qui compte plus de deux mille œuvres.
Profitez de l'exposition et du catalogue pour découvrir, admirer et comprendre la peinture de Chéri Samba qui utilise l'autoportrait comme usage du monde dès le début de son œuvre dans les années 1970. Sa propre représentation provoque réflexions et questionnements souvent avec humour. Ce peintre « populaire » exprime ses racines profondes, la critique de la société, les injustices, les mensonges, la femme multiple (mère, épouse, maîtresse, femme active…), thème avec lequel apparaît dans le musée un dialogue inédit avec l'œuvre de Maillol, et interroge l'avenir. Chéri Samba dénonce aussi la violence de certains groupes armés comme avec Je suis un rebelle, armé d'une machette, le cœur cadenassé insensible aux malheurs des autres ou Litle kadogo – I am for peace, that is why I like weapons, 2004, l'enfant soldat (204,5 x 245,5 cm).
La collection Jean Pigozzi compte aujourd'hui plus de 11 000 œuvres et près de 140 artistes représentatifs de la diversité et la richesse de la création en Afrique subsaharienne
Au sommaire : Préface de Benoît Remiche, fondateur et directeur artistique de Tempora, agence belge culturelle, Chéri Samba, un regard africain sur la condition humaine. Chéri Samba dans la collection Jean Pigozzi. Cahier des œuvres. Éclairages : textes de Myriam Odile Blin, Jérôme Neutres, Didier Mumengi et Colette Braeckman. En annexes présentation de la collection Jean Pigozzi, chronologie de Chéri Samba et bibliographie. Commissaires de l'exposition : Jérôme Neutres et Elisabeth Whitelaw.
En couverture : J'aime la couleur, 2003, acrylique et paillettes sur toile, 206 x 296,7 cm. Ouvrage relié, couverture cartonnée. Format : 28,5 x 30,5 cm. 144 p. 35€. Chéri Samba – Musée Maillol jusqu'au 7 avril 2024
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com