Dîner avec Lenny / Éditions Courtes et Longues

Mardi, 2 Avril, 2024 - 21:09

Le dernier long entretien de Leonard Bernstein avec Jonathan Cott qui eut lieu lors d'un dîner le 20 novembre 1989.

Le charismatique et estimé Léonard Berstein (25 août 1918 -14 octobre 1990), l'un des artistes les plus créatifs et les plus productifs du XXe siècle, est né dans le Massachusetts de parents juifs ukrainiens. Musicien précoce, il reçut sa première chance lorsque Artur Rodziński, directeur musical du Philharmonique de New York le choisit comme assistant. Trois mois plus tard, Le 14 novembre 1943, à l'âge de 25 ans, il fut prié de remplacer au pied levé Bruno Walter à la tête du Philharmonique. La nuit précédente il avait fait une fête d'enfer jouant du boogie-woogie au piano et il avait une sérieuse gueule de bois. Mais l'état de grâce opéra. A la fin du concert même l'orchestre se leva pour l'acclamer, bouche bée de son exécution stupéfiante. La direction qu'il fit ce soir-là du Sacre du printemps d'Igor Stravinski à la tête de l'orchestre philharmonique de New York est à ce jour inégalé.

Stravinski évoquait le "violent printemps russe". Bernstein a su communiquer "la miraculeuse naissance de ce printemps russe". Il disait que le compositeur était né et mort au printemps et que "dans un sens, il a vécu toute sa vie dans un printemps de créativité. Toute sa musique est printanière, bourgeonnante, enracinée dans le passé familier, tout en étant fraîche et vive, avec cette piquante combinaison paradoxale de l'inévitable et de l'inattendu."

Ces mots de Bernstein résonnent étrangement, ils semblent tracer son propre portrait. Dans chaque aspect de sa vie et de son œuvre il possédait un enthousiasme illimité. Pendant ce dîner dont il est question dans cet ouivrage, Lenny apprit à Jonathan Coot que le mot enthousiasme venait de l'adjectif grec entheos qui signifie "qui a le dieu en soi", avec le sens concomitant de "qui vit sans vieillir". "La vie sans musique est impensable. La musique sans la vie est académique. C'est pourquoi mon contact avec la musique est une étreinte totale."Jonathan Coot note que Bernstein lui rappela que le mot éducation venait du latin educere - "faire sortir ce qui est à l'intérieur." Une définition à retenir.

Chef d'orchestre, compositeur, pianiste, écrivain, éducateur, conférencier, animateur de télé, militant pour la paix et les droits de l'homme. Bernstein qui appréciait peu les dîners et les célébrités, n'avait ni le temps ni la patience pour les manières et affichait une franchise désarmante, un sens de l'humour effronté et un rejet de toute forme d'hypocrisie, ce qui lui valut des inimitiés et des reproches. Il mériterait plutôt une médaille pour tout cela.

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Michel Marny. Relié. Couverture cartonnée. Format : 16 x 24 cm. 112 p. 24€

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com