La guerre amérindienne /Éditions Mimésis

Mardi, 25 Avril, 2023 - 11:08

Une manière spécifique de faire la guerre dans les Basses Terres de l’Amérique du Sud

"Réfléchir sur la guerre amérindienne incite aussitôt à la comparer aux phénomènes belliqueux d'autres parties du monde, et notamment de l'Occident. Alors que depuis l'Antiquité nous avons tendance à détruire l'ennemi, celui-ci est appréhendé par les Amérindiens comme un élément constitutif du soi. D'où le traitement symbolique qui lui est réservé tout au long du parcours visant à incorporer ce dont il est le support : une singularité, des substances vitales, un certain regard sur le monde." Pour bien comprendre la guerre amérindienne il est essentiel de connaître et d’intégrer cette notion. Elle engage tout le traitement symbolique. L’auteur Salvatore D'Onofrio fait référence à Claude Lévi-Strauss et à Philippe Descola qu’il cite : "La prédation est avant tout une disposition à incorporer l’altérité humaine et non humaine au motif qu’elle est réputée indispensable à la définition du soi : pour être vraiment moi-même, je dois m’emparer d’un autre et l’assimiler". Les Occidentaux conçoivent la formation de l’être enrichie par la pensée d’autrui. Chez les Amérindiens, le processus va jusqu’au cannibalisme. Le corps se trouve au centre de cette assimilation symbolique. Les articles qui composent ce livre privilégient les pratiques guerrières, c’est-à-dire les régimes de traitement du corps : le récit pantomime des guerriers ayoré au retour de leurs expéditions victorieuses, le traitement du captif chez les Tupinamba avant qu’il soit dévoré, les contraintes rituelles du bourreau, la dans des Guarani, la fête chez les Aché-Guayaki qui confirme la relation entre guerre et mariage. Ce volume débute par des enquêtes sur près d’un an chez les Ayoré mêlée aux souvenirs émouvants des rencontres avec Claude Lévi-Strauss. Salvatore D'Onofrio est professeur à l'Université de Palerme et membre du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France, au sein duquel il coordonne les Cahiers d'anthropologie sociale et le groupe de travail "Archives du Nouvel An à Paris". Parmi ses dernières publications : Le sauvage et son double (2011), Les fluides d'Aristote (2014), Le matin des dieux (2018) et Lévi-Strauss face à la catastrophe (2018). Il a coordonné l'édition de deux ouvrages de Françoise Héritier : Une pensée en mouvement (2009) et Sida : un défi anthropologique (2013). Collection Ethnologiques dirigée par Philippe Descola. Broché avec rabats. Format : 21 x14 cm. 200 p. 20€. Paule Martigny