Vivre en ville / Editions Cerf

Dimanche, 15 Octobre, 2023 - 14:15

Vous croyez connaître la ville ? Découvrez-la sous un jour nouveau

«Vivre en ville est de plus en plus invivable mais de plus en plus de monde souhaite y vivre, et ce, partout dans le monde ». « La pauvreté n'y est pas plus agréable qu'ailleurs, elle y est même pire». « C'est une construction étrange, faite par l'homme et contre lui, une nécessité contre-nature, une contradiction existentielle. Quand ceux qui y sont veulent en sortir, d'autres, à l'extérieur, rêvent d'y entrer : c'est l'insatisfaction générale, le mécontentement permanent ». Voici quelques phrases issues de l'essai de Jonathan Siksou. Il a étudié l'histoire, les ressorts, les horreurs et les bonheurs de la vie en ville. Son texte limpide est aussi agréable à lire qu'instructif. Son analyse comporte certes des réflexions subjectives, à travers lesquelles nous observons sa malice, ses étonnements autant que ses plaisirs. Le pire et le meilleur de la ville.

Cette fine observation est pratiquée en ethnologue, journaliste et écrivain. Elle est composée de courts chapitres spirituels, du second degré pour les amateurs. Enrichie d'anecdotes pour la plupart vécues. La ville parfois ressemble à un ensemble de villages où les gens se connaissent. L'égocentrisme, l'indifférence accrue avec les écouteurs sur les oreilles et les yeux baissés rivés sur le portable. Le paradoxe de la recherche de la tranquillité au milieu du nombre. Solitaire parmi la foule. La silhouette actuelle, mode misérable, jean troué et baskets.

A l'extérieur, parmi les thèmes : les passants, les clochards, les animaux, chiens, chats, cafards, pigeons, rats, petits oiseaux, chauves-souris, mouettes. L'architecture : dans le monde entier on rase les vieux quartiers, les propriétés ancestrales. Mais que fait-on aujourd'hui de la beauté publique ? « Et on ne peut pas toujours prétendre que cette transformation soit un progrès » écrivait Jean Giono. L'argent… nerf de la folie dévastatrice. Les affiches, les jardins squares, parcs et cimetières, le métro et l'eau. Pour l'intérieur : les ascenseurs, vous apprendrez l'importance du miroir, l'observation des temps d'attente sur le pallier et en cabine. Et la statistique que l'ascenseur demeure le moyen de transport le plus sûr au monde.

Et aussi, les concierges, les domestiques, les commerces, librairie, boulangerie, droguerie, médecin, les restaurants et les cafés, les églises véritables pages d'histoire où le temps est suspendu et où l'orgue nous transporte, les musées coffres à trésors révélateurs des particularités dune ville ou d'une région, les hôtels, leur fréquentation, certains y habitent toute l'année, des plus sordides aux plus luxueux palaces, chez les amis, les repas, les soirées, les rencontres, réceptions et mondanités et pour finir ; chez soi, ne dit-on pas qu'il vaut mieux un petit chez soi qu'un grand chez les autres ?

Jonathan Siksou  est écrivain et journaliste. Il est l'auteur aux éditions du Cerf de Rayé de la carte. Sur les traces du Louvre oublié et de Capitale, prix Transfuge du meilleur essai 2021. Une lecture vivement recommandée. 

Broché. Format : 13,5 x 21,2 cm. 213 p. 20€.

Paule Martigny – Mémoire des Arts / blog-des-arts.com