La vespasienne / Albin Michel

C'est le cinquième roman de Sébastien Rutés, universitaire, maître de conférences. Un pan de l'occupation de Paris vu sous un angle romanesque bien ficelé. Et non, c'est pas une blague. Selon un rituel, bien connu d'esseulés sexuels, Paul-Jean Lafarge, directeur de La Revue des Lettres, dépose chaque jour un croûton dans la vespasienne face à son immeuble. Il le récupère le soir imbibé d'urine. Nous sommes en novembre 1941. Depuis ses fenêtres, il observe les rôdeurs de pissotières. L'histoire serait un peu courte quoique salace, si elle ne se résumait qu'à cette pratique déroutante. Car, la vespasienne se révèlera être un petit bout de zone libre dans le Paris occupé, un microcosme étrange. Paul-Jean y découvrira un pistolet et deux chargeurs cachés derrière une brique. Son quotidien en sera bouleversé. Voici l'histoire d'un homme timide et pleutre devenu résistant malgré lui. Sa femme est partie. Elle a tout laissé. Sa collection de porcelaines, qu'il couve puis prend en détestation. Pour la protection de sa maison d'édition, il fréquente un allemand qui le harcèle pour qu'il publie ses poèmes. Paul-Jean est épris de sa secrétaire qui fréquente un groupe de jeunes résistants. Tout ce petit monde va graviter autour de la vespasienne. Un engrenage cruel et drôle, symbole d'une débâcle morale et politique. Lisez ce roman peu ordinaire. Broché. Format : 14 x 20,5 cm. 222 p. 17€. P.M.